Département des poules
Arnaud Labelle-Rojoux

Non, il ne s’agit pas avec le Département des Poules d’une parodie du Département des Aigles, mais d’un échange, ou, disons, d’une conversation à distance dans le temps, avec l’immense Marcel Broodthaers. Le prétexte, une phrase de Lénine : « Il peut arriver aux aigles de descendre aussi bas que les poules, jamais aux poules de monter si haut que les aigles ». Il y a cependant, au-delà de la trouvaille heureuse que constitue cette citation convoquant de fait le rapace glorieux de l’institution muséale fictive créée par Broodthaers, symbole assurément plus riche et exaltant que celui de la volaille terrestre et domestique, une contextualisation fondamentale. Simplifions : comme les dispositifs d’exposition adoptés par Broodthaers, les vitrines du Département des Poules participent d’un jeu de métaphores mis en scène qu’introduit le langage associé à des objets (ou vice versa). Elles peuvent, dans le cas du Département des Poules, revêtir l’avantageuse apparence d’une portée critique, voire politique, mais ne revendiquent le plus souvent que la plate illustration d’une pensée passe-partout ou d’un médiocre calembour, chaque spectateur, c’est son pouvoir, demeurant in fine seul juge de leur valeur et même de leur compréhension. J’ajoute, on s’en sera douté, qu’il n’est pas anodin que ces vitrines soient à Bruxelles, la ville de celui avec qui les règles esthétiques ont durablement pris du plomb dans l’aile.

Arnaud Labelle-Rojoux

Avec le soutien de l’Ambassade de France en Belgique et de l’Institut Français.
Dans le cadre d’EXTRA, programme de soutien à la création contemporaine française en Belgique.

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